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Feedback sollicité et feedback subi : et si on parlait de la toxicité du feedback ?

Le feedback est reconnu comme un outil essentiel au développement personnel et à l'efficacité organisationnelle. Toutefois, sans un esprit de dialogue et de questionnement, cette pratique peut s'avérer toxique et contre-productive. Un feedback de qualité est, par essence, sollicité ; il nécessite une préparation minutieuse tant de la part de celui qui offre le feedback que de celui qui le reçoit. Cet article explore comment un feedback constructif, fondé sur le dialogue et le questionnement, peut transformer les relations et les performances au sein de l'entreprise.

Les Pièges du Feedback Non Sollicité
Chacun aura pu constater qu’une pratique compulsive du feedback peut créer des malaises : certains se sentent jugés, d’autres attaqués et il n’est pas rare qu’en lieu et place d’un processus d’apprentissage, on se trouve en situation de conflits. Car le feedback non sollicité peut créer un climat de défiance et d'anxiété, nuisant ainsi à la cohésion et à la santé de l'environnement professionnel. Lorsqu'il est perçu comme une critique non désirée ou une attaque personnelle, le feedback peut entraîner des réactions de défense plutôt que d'ouverture au changement. La faute est alors rejetée sur celui qui ne sait pas recevoir le feedback, qui n’a pas l’esprit assez ouvert. On se lance alors dans le travail des postures d’accueil et de réception du feedback tout autant que sur les formes de la formulation. On ne remet pourtant pas forcément en question la pratique : l’intention est, par essence, bonne.

Chez Noetic Bees, nous n’oublions pas que le concept de feedback vient de Norbert Wiener, professeur au M.I.T. dans le cadre d’une recherche sur la capacité des canons à tirer sur des cibles mouvantes : historiquement, le feedback est la découverte du mouvement de rétroaction du canon qui s’adapte en corrigeant le tir… Il ne faut donc pas s’étonner que certains se sentent « sous le feu » dans des organisations où le feedback est devenu une pratique toxique. Car le cœur d’un feedback de qualité n’est pas d’abord sa forme mais d’abord sa sollicitation. Autrement dit : une posture de dialogue.

Humilité et sollicitation : première étape vers des feedbacks constructifs
Recevoir un feedback est un exercice d'humilité et d'ouverture. Se préparer à recevoir des commentaires, surtout ceux qui peuvent remettre en question nos perceptions ou méthodes de travail, nécessite une disposition mentale réceptive.

« Toute sollicitude doit être précédée de sollicitation » nous disait Boltanski. Autrement dit, je ne propose pas mon aide si on ne me la demande pas. C’est même l’un des fondements du respect : je dois considérer l’autre avec justesse et justice pour être pleinement respectueux. Le feedback, pour être constructif, doit donc être précédé d’une demande explicite de feedback.

Or on ne demande pas un feedback « au hasard » : on doit préciser ce que l’on attend et ce sur quoi on veut être observé. Le demandeur devra donc penser sa demande, prendre du recul sur la pratique qu’il veut améliorer et faire une demande précise. Cette introspection permet de clarifier les objectifs du feedback.

Le demandeur devra ensuite échanger avec ceux dont il attend un feedback pour qu’ils soient en mesure d’observer efficacement. Il n’y aura donc pas de feedback efficace sans dialogue et sans questionnements. Car des questions bien ciblées peuvent aider à formuler un feedback qui est à la fois précis et constructif, augmentant ainsi les chances qu'il soit bien reçu et intégré.

Cette approche facilite une meilleure acceptation du feedback à venir et prépare le terrain pour une communication constructive. En encourageant une atmosphère de respect mutuel, le dialogue et le questionnement ouvrent la voie à des échanges plus honnêtes et bénéfiques.

Conclusion
Dans une approche de management écologique, le feedback joue un rôle central. Il favorise une culture d'entreprise où la croissance personnelle et professionnelle est en harmonie avec les valeurs humaines de l'organisation. Adopter un esprit de dialogue et de questionnement transforme le feedback d'un potentiel vecteur de tension en un puissant moteur de croissance et de changement positif. En sollicitant activement le feedback et en s'y préparant avec ouverture, les individus et les organisations peuvent forger des relations plus fortes, améliorer la communication et accélérer le développement professionnel.
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